Heureux Jubilé – 50eme anniversaire

Source : Adelson Garin, T’avau Binche, 20 janvier 1973, N° 1319, 27e année

Ramassage sous la neige, immortalisé par le photographe binchois Gérard Lebrun.

Ils ont cinquante ans et vont fêter leurs noces d’or.
De la première société, il reste quatre fondateurs mais plus d’une vingtaine de ceux qui furent au point de départ sont toujours là.
Ils auront un petit pincement de cœur ce samedi et ils évoqueront bien des souvenirs.

Il y eut certes des moments difficiles mais on Ies a vite oubliés tant il y en eut d’autres très heureux.

Ils n’ont jamais eu de local bien fixe ou mieux, ils semblaient en avoir deux.

Ils n’y restaient pas bien longtemps les soirs de répétition de batterie. On les retrouvait vite en ville, après avoir fait un tour de billard.

Ils ont compté des figures binchoises devenues légendaires.

On nous permettra de n’en citer qu’un car il symbolise à lui seul, l’ensemble de la société.

Il s’est choisi un costume, une fois pour toutes et semble l’avoir figé pour l’éternité.

Il est élimé, rapiécé, même étriqué… Le képi a subi les outrages du temps mais lorsque notre « lieutenant » apparaît le Dimanche du Carnaval, ganté de blanc, badine brandie, le mimosa épinglé au corsage, il est tout sourire; la foule lui a donné son nom et le repère parmi les autres. Il danse comme à vingt ans, conserve ses sabots comme des archives, il se mêle à toutes les sociétés le long de l’interminable descente de l’avenue Wanderpepen.

Nous n’avons jamais vu homme plus heureux.

C’est leur batterie qui joue le plus vite de toutes mais ce sont eux qui progressent le plus lentement.

Où les placer dans les cortèges?

En avant? On risque d’arriver beaucoup trop tard pour les rondeaux.

A l’arrière? Il y aura un « trou » difficile à combler et plus difficile encore à faire admettre.

Mieux vaut donc les prendre tels qu’ils sont. Quand on les voit danser, on croit au Carnaval et à l’incomparable frénésie binchoise.

Chez eux, plus qu’ailleurs, on trouvera des Gilles de caisse, mais comme ailleurs, ceux qui le sont, Gilles de caisse, admettront difficilement qu’il puisse en être autrement.

Mais pourrait-on imaginer un Carnaval à Binche sans Gilles de caisse?

Ils ont cinquante ans mais restent d’une virilité fort enviable.

Comme ils ont eu raison de souligner ce jubilé et de se retrouver ce samedi dans la grande salle de l’école des Frères pour fêter l’événement!

Ils le feront, nous n’en doutons pas, avec beaucoup de dignité et de prestige.

Ce sera pour eux, un heureux prélude au Carnaval de 1973.

En ce jour de fête, nous tenons à adresser à la société jubilaire nos félicitations les plus vives et à formuler à son égard des vœux de longue vie encore et de prospérité toujours renouvelée.

Puisse le prochain Carnaval décider quelques « anciens » à reprendre une place qui leur est toujours réservée!

Puisse-t-il aussi tenter quelques « nouveaux » qui seront les dignes continuateurs d’une tradition toujours riche d’espérance!

Bientôt, lors de leur répétition de batterie; peu après, dans les soumonces; le Dimanche du Carnaval, dès le matin; le Mardi gras, très tôt et puis très tard… on entendra des roulements de tambour et même sans rien voir, même sans sortir de chez soi, on dira « En’ cachè nie , c’est l’s Indépendants ».